Dopage dans le tennis

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Le dopage dans le tennis consiste, pour les athlètes, à faire appel à des substances ou à des pratiques interdites dans le but d'améliorer leurs résultats en compétition. Les premiers contrôles datent des années 1980, et recherchaient à détecter l'usage de drogues récréatives chez les joueurs de tennis. La mise en place d'un programme de contrôle par la Fédération internationale de tennis (ITF) date de 1993[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le dopage dans le tennis remonte au moins aux années 1950, puisque le joueur Espagnol Andrés Gimeno a reconnu avoir reçu des injections de testostérone avant la Coupe Davis 1959[2]. Les premiers tests apparaissent dans les années 1980, et sont axés sur la recherche de drogues récréatives, puis l'ITF met en place un programme de contrôle en 1993[1]. En 2004, le tennis adhère au code de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Le passeport biologique est adopté en 2013[3].

Affaires de dopage[modifier | modifier le code]

1995[modifier | modifier le code]

1997[modifier | modifier le code]

  • Andre Agassi, contrôlé positif aux méthamphétamines. Il obtient la clémence de l'ATP en plaidant une ingérence accidentelle dans un cocktail[5]. Cependant, il reconnaîtra dans son autobiographie Open: An Autobiography, parue en 2009, avoir menti[6], avouant avoir consommé cette substance euphorisante sciemment, à la suite de déboires d'ordre personnel[7].

1998[modifier | modifier le code]

2000[modifier | modifier le code]

2001[modifier | modifier le code]

2003[modifier | modifier le code]

  • Mariano Puerta (1) est suspendu deux ans, en 2003, à la suite d'un contrôle positif au clenbutérol. Sa peine sera finalement ramenée à neuf mois[11].
  • Greg Rusedski est testé positif à la nandrolone lors du tournoi d'Indianapolis, mais sera innocenté par le tribunal de l'ATP, expliquant avoir consommé des compléments alimentaires contenant cette substance, et fournis par les médecins du circuit masculin[12].

2004[modifier | modifier le code]

  • John McEnroe, ancien numéro 1 mondial, reconnaît avoir pris des stéroïdes pendant sa carrière, mais à son insu[13].

2005[modifier | modifier le code]

2006[modifier | modifier le code]

2007[modifier | modifier le code]

2009[modifier | modifier le code]

2013[modifier | modifier le code]

2015[modifier | modifier le code]

  • Wayne Odesnik se voit infliger l'une des plus lourdes sanctions de l'histoire du tennis, avec une suspension de quinze ans pour récidive. L'Américain avait déjà été contrôlé positif pour la prise d'hormones de croissance en 2010 et avait écopé d'un an de suspension de 2010 à 2011[25].

2016[modifier | modifier le code]

Affaire Puerto[modifier | modifier le code]

L'affaire Puerto est un scandale de dopage sanguin qui éclate au printemps 2016. Elle concerne plus de 200 poches de sang, destinées à une transfusion sanguine, retrouvées dans un laboratoire clandestin de Madrid. Si les premières révélations concernent le cyclisme, le médecin espagnol Eufemiano Fuentes, au cœur de l'affaire, indiquera avoir travaillé avec des sportifs issus de différentes disciplines, dont le tennis[27]. À l'issue du procès, la justice espagnole décide de détruire les preuves et de ne pas révéler l'identité des tricheurs. Cette décision indigne de nombreuses personnalités du monde du sport, dont des joueurs de tennis professionnels tels que Rafael Nadal qui trouve ce verdict injuste, ou Andy Murray et Julien Benneteau qui soupçonnent une volonté de dissimulation[28].

2017[modifier | modifier le code]

2020[modifier | modifier le code]

Substances et pratiques interdites[modifier | modifier le code]

Les substances interdites par l'ITF appartiennent à 5 catégories principales[35]:

À ces cinq catégories viennent s'ajouter des restrictions sur l'usage d'anesthésies locales, cortico-stéroïdes et bêta-bloquants, mais aussi sur le transfert de gènes, ou dopage génétique [36].

Controverses[modifier | modifier le code]

L'ITF est régulièrement mise en cause dans la presse pour son manque de transparence vis-à-vis des cas de dopages dans le tennis. Elle est soupçonnée de négocier, directement avec les athlètes mis en cause, une retraite ou un éloignement des courts, afin de ne pas nuire à l'image du tennis[37]. L'ATP a ainsi longtemps appliqué une loi du silence, menaçant les joueurs qui évoquaient le sujet de sanctions[38]. Dans son autobiographie, André Agassi raconte comment l'ATP a couvert son contrôle positif aux méthamphétamines en 1997[39],[40]. Roger Federer s'étonne quant à lui du peu de contrôles dont il a fait l'objet au cours de sa carrière[40].

Le cas des A.U.T[modifier | modifier le code]

L'A.U.T est une autorisation d'usage à des fins thérapeutiques de substances prohibées et figurant sur les listes des produits dopants établie par l'AMA ainsi que par l'ITF. L'athlète bénéficiant d'une telle faveur doit donc justifier la nécessité d'un recours à de tels traitements et obtenir une autorisation médicale, laquelle est accordée ou non par la fédération internationale de tennis. Certains athlètes, tous sports confondus, y voient une forme de « dopage autorisé »[41],[42],[43].

ITF et AFLD[modifier | modifier le code]

En 2009, un nouveau dispositif du code mondial antidopage autorise une agence nationale à effectuer des tests additionnels à ceux pratiqués par les instances officielles[44]. Ainsi, lors de la saison 2009, l'agence française de lutte contre le dopage (ou AFLD) reçoit de la part de l'ITF une dérogation afin de procéder à des contrôles inopinés et ciblés sur une quinzaine d'athlètes durant le tournoi de Roland-Garros[45]. Plusieurs joueurs se plaindront néanmoins des méthodes employées par cette dernière, dont le tenant du titre Rafael Nadal, qui se déclarera choqué d'avoir subi un prélèvement à une heure matinale la veille de sa défaite en huitième de finale face au Suédois Robin Söderling[46], et qui déplorera en outre une forme d'acharnement de la part de cette agence à son encontre quelques mois plus tard, à l'occasion du Masters 1000 de Paris-Bercy [47]. Les relations entre ces deux organismes sont réputées houleuses, et cette collaboration prend fin dès la fin de la saison, l'agence française étant dès lors interdite à opérer des prélèvements durant le tournoi parisien[48]. L'AFLD regrette depuis le manque de coopération de la fédération internationale dans le domaine[49].

Suspicions de dopage[modifier | modifier le code]

En mars 2016, Roselyne Bachelot, alors ex-ministre de la Santé et des Sports, accuse Rafael Nadal de dopage lors d'une émission de télévision en déclarant « On ne révèle pas les contrôles positifs... Simplement, on apprend curieusement qu’un joueur a une blessure qui le maintient des mois en dehors des courts. On sait à peu près que la fameuse blessure de Rafael Nadal qui a entraîné sept mois d’arrêt de compétition en 2012-2013 est très certainement due à un contrôle positif ». Nadal réfute catégoriquement s'être dopé et attaque Bachelot pour diffamation en demandant dans la foulée à l'ITF de publier les résultats de ses contrôles antidopage. Au mois de septembre, alors que le groupe de cyber-pirates russe Fancy Bear révèle que le champion espagnol a usé à plusieurs reprises de produits interdits, et considérés comme dopants [50], ce dernier déclare : « Quand vous demandez une autorisation pour prendre quelque chose pour des raisons thérapeutiques et que vous l’obtenez, vous ne prenez rien d’interdit. Cela ne devrait pas être nouveau. Pas besoin de faire de la démagogie. Je n’ai jamais rien pris pour améliorer mes performances. Jamais. Si j’ai pris ces substances, c’est parce que les médecins pensaient que c’était mieux pour mon genou. Il y a beaucoup de choses qui sont interdites mais si tu demandes une permission et qu’ils te l’accordent, ça ne l’est plus. Point final. »[51] En novembre 2017, alors que Nadal demandait 100 000 euros d'indemnisation, le tribunal correctionnel juge Roselyne Bachelot effectivement coupable de diffamation et la condamne à 500 euros d’amende avec sursis ainsi qu'à verser 10 000 euros de dommages et intérêts au numéro 1 mondial en réparation de son « préjudice moral »[52].

En septembre 2016, Fancy Bear révèle également que Venus et Serena Williams auraient bénéficié d'autorisations à usage thérapeutiques pour la prise de substances d'ordinaire formellement proscrites, de la prednisolone pour la première, de l'hydromorphone et de l'oxycodone pour la seconde[53]. L'agence mondiale antidopage certifie alors l'authenticité des documents dévoilés, expliquant avoir effectivement été victime d'une cyber-attaque[54].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « History », sur itftennis.com (consulté le )
  2. Damien Lesur, « Les joueurs lobent-ils le dopage ? », sur humanite.fr, (consulté le )
  3. « Le tennis, régulièrement touché par le dopage », sur lepoint.fr, (consulté le )
  4. « Le tennis flirte avec les lignes de coke », sur L'Humanité, (consulté le )
  5. « Agassi admet avoir consommé du crystal meth », sur www.lapresse.ca, (consulté le )
  6. (en) Andre Agassi, Open : An Autobiography, Harper Collins, , 385 p. (ISBN 978-0-307-38840-7 et 0-307-38840-9)
  7. « Dopage. Les aveux d'Agassi douze ans après », sur Le Telegramme, (consulté le )
  8. Christian Losson, « Korda, mouton noir d'un sport trop blanc. Contrôlé positif à Wimbledon, il a dégringolé à la 111e place mondiale. », sur www.liberation.fr, (consulté le )
  9. « Chela, l’au revoir d’un personnage - ATP - Tennis », sur Sport24, 2012-12-05cet12:49:37+0100 (consulté le )
  10. « Dopage: le joueur de tennis Guillermo Coria suspendu sept mois », sur RDS.ca, (consulté le )
  11. « Les affaires de dopage dans le tennis: Mariano Puerta », sur rmcsport.bfmtv.com (consulté le )
  12. « Rusedski est innocenté de toute accusation de dopage », sur RDS.ca, (consulté le )
  13. Par Dominique Sévérac et Didier Romain Le 13 janvier 2004 à 00h00, « Dopage : l'aveu de McEnroe », sur leparisien.fr, (consulté le )
  14. « Le tennisman Mariano Puerta suspendu huit ans pour dopage », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  15. Elisabeth Pineau, « Mariano Puerta, l’homme grâce à qui la légende de Nadal à Roland-Garros est née », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  16. « Dopage: Canas suspendu deux ans », sur RDS.ca, (consulté le )
  17. La Libre.be, « Mariano Hood suspendu un an », sur LaLibre.be, (consulté le )
  18. « En bref: Dopage - Sesil Karatantcheva suspendue deux ans », sur Le Devoir (consulté le )
  19. « Martina Hingis suspendue deux ans pour dopage », sur www.nouvelobs.com, (consulté le )
  20. « Dopage : Richard Gasquet blanchi par le Tribunal arbitral du sport », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  21. « Dopage : le tennisman Marin Cilic suspendu pour neuf mois », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  22. a et b « Tennis : la suspension pour dopage du Serbe Troicki réduite à un an », sur www.leparisien.fr, (consulté le )
  23. « Dopage : Viktor Troicki suspendu 18 mois », sur www.rtl.fr, (consulté le )
  24. « Dopage: la joueuse de tennis espagnole Nuria Llagostera Vives suspendue deux ans », sur sudinfo.be (consulté le )
  25. « Wayne Odesnik suspendu 15 ans pour dopage », sur L'Équipe (consulté le )
  26. « Maria Sharapova est suspendue deux ans pour dopage », sur www.letemps.ch, (consulté le )
  27. « Dopage: douze ans après, l'affaire Puerto reste inachevée », sur lepoint.fr, (consulté le )
  28. Christopher Buet, « Nadal s'indigne de l'issue de l'Affaire Puerto », sur lexpress.fr, (consulté le )
  29. « Sara Errani, finaliste en 2012 de Roland-Garros, suspendue deux mois pour dopage », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. « Dopage : le Britannique Dan Evans suspendu un an pour contrôle positif à la cocaïne », sur Eurosport, (consulté le )
  31. « Dopage : Contrôlé positif, Nicolas Jarry est suspendu provisoirement par l'ITF », sur Eurosport.fr, (consulté le ).
  32. « Dopage : Le n°1 mondial de double Robert Farah contrôlé positif », sur Sport24, (consulté le ).
  33. « Contrôlé positif, le numéro 1 mondial du double Robert Farah sauvé par son steak - Tennis - Dopage », sur L'Équipe,
  34. https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Dayana-yastremska-positive-a-un-controle-antidopage/1212580
  35. (en) « Overview », sur itftennis.com (consulté le )
  36. « Dopage génétique », sur Agence mondiale antidopage (consulté le )
  37. Gilles Dhers et Grégory Schneider, « Dopage dans le tennis, ce que révèle le cas Sharapova », sur liberation.fr, (consulté le )
  38. (en) Eric Barget, « The economics of tennis », dans Wladimir Andreff, Stefan Szymanski, Handbook on the Economics of Sport, Edward Elgar Publishing, (lire en ligne)
  39. « Dopage: Mais pourquoi le tennis est-il toujours accusé de cacher ses tricheurs? », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  40. a et b Isabelle Lange, « Dopage : pourquoi le tennis n'est plus épargné », sur rtl.fr, (consulté le )
  41. « Dopage - Alexis Pinturault : «Les AUT, c'est du dopage» », sur www.tennisactu.net (consulté le )
  42. « Les AUT, traitement médical ou dopage autorisé ? », sur Ouest France,
  43. « Fancy Bears: les sportifs, des malades comme les autres », sur LExpress.fr, (consulté le )
  44. « Code mondial antidopage 2009 », sur Agence mondiale antidopage (consulté le )
  45. « Contrôles antidopage renforcés à Roland-Garros », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  48. « Roland Garros > L'AFLD, comme avant », sur We Love Tennis, (consulté le )
  49. « L'Agence française de lutte contre le dopage déplore le «mépris» de la Fédération internationale de tennis », sur L'Équipe (consulté le )
  50. « Tennis - Dopage : Nadal répond aux accusations », sur Sport 365, (consulté le )
  51. « Tennis : La réponse cinglante de Rafael Nadal face aux accusations de dopage ! », sur Le 10 Sport (consulté le )
  52. « Roselyne Bachelot condamnée pour avoir accusé Rafael Nadal de dopage », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  53. « Accusations de dopage : Ce que rélèvent les dossiers médicaux des athlètes américaines publiés par les hackers russes », sur L'Équipe (consulté le )
  54. « Que valent les preuves contre les sœurs Williams, accusées de dopage par des hackeurs russes ? », sur RMC SPORT (consulté le )

Lien externe[modifier | modifier le code]